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Les femmes et les filles portent le poids de la VBG

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Le fléau de la violence basée sur le genre (VBG) touche principalement les femmes et les petites filles en Afrique australe. Ses effets multidimensionnels ont également un impact négatif sur la vie des hommes et des garçons dans la région de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

Sur le plan mondial, une femme sur deux a été victime de VBG à un moment donné de sa vie ; tandis qu’en Afrique du Sud, des rapports indiquent qu’une personne est violée toutes les 25 secondes.

C’est sur base de ces preuves empiriques que le Groupe parlementaire régional des femmes (GPRF) du Forum parlementaire de la SADC a déposé une motion lors de la 44e Session de l’Assemblée plénière du Forum en 2018 pour élaborer une Loi-type régionale sur la Violence basée sur le genre (VBG).

La 44e Session de l’Assemblée plénière a adopté la motion à l’unanimité dans le but d’éliminer les menaces à la paix, à la sécurité et à l’accomplissement des différents objectifs de développement.

Suite à l’adoption de la motion, le FP-SADC a lancé des consultations des parties prenantes le 18 août 2021, ciblant différents acteurs des secteurs public et privé dont, entre autres, des commissaires aux droits de l’homme, des chefs coutumiers, des survivants de la VBG et différentes agences des Nations Unies.

S’exprimant à l’occasion du lancement des consultations, l’honorable Anne-Marie Mbilambangu, présidente du GPRF, a expliqué que la Loi-type devrait être un outil utilisé par les États membres de la SADC pour prévenir et éradiquer toutes les formes de VBG.

Elle a déclaré que le GPRF ferait tout “pour améliorer les conditions sociales et économiques des femmes, car nous pensons qu’elles sont les plus touchées par toutes les formes de VBG.”

Elle a ajouté : “ Notre objectif est de faire en sorte que toute personne - en particulier la femme de la région - indépendamment de sa couleur ou de ses croyances, ait la possibilité d’atteindre son plein potentiel sans aucun obstacle ou interférence de la VBG ».

Mme Caroline Peters, avocate de la communauté sud-africaine, a narré sa dure épreuve comme survivante de la VBG au cours de la réunion consultative et a déploré le fait que, depuis qu’elle a été victime de VBG, la situation a très peu changé en termes de statistiques.

“Je suis une survivante d’un viol collectif brutal ; et mon amie a été assassinée à l’âge de 16 ans. Lorsque cela m’est arrivé, je n’avais pas pensé que ce serait un catalyseur qui me ferait devenir une défenseuse des droits de l’homme, notamment en faveur des jeunes femmes, surtout quand je regarde les statistiques d’aujourd’hui. Les choses n’ont pas changé ; les chiffres sont sans cesse en hausse. Les chiffres n’ont pas changé pour les jeunes femmes victimes de viols collectifs. Cela m’est arrivé trois mois avant mon 16e anniversaire”, a-t-elle révélé à l’assemblée consultative.

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Mme Peters a déclaré qu’elle pensait que l’Afrique du Sud disposait de la meilleure loi sur la violence domestique, d’un projet de loi sur les infractions sexuelles et d’un projet de loi sur la traite des êtres humains, mais que leur mise en oeuvre était lente, avec des répercussions récurrentes.

Elle s’est exprimée au moment où « le mois de la femme » était célébré en Afrique du Sud. Les célébrations qui ont coïncidé avec le viol et le meurtre brutaux d’une grand-mère âgée de 93 ans par un membre de sa belle-famille de 25 ans d’âge.

Les consultations sur le projet de Loi-type de la SADC sur la VBG ont été tenues virtuellement en raison de la pandémie de COVID-19 qui a contraint de nombreux pays à imposer des mesures de confinement sur les citoyens. Ces mêmes mesures ont été associées à la recrudescence de la VBG, a-t-elle insinué, citant le fait que 23.226 grossesses d’adolescentes ont été signalées par le Département de la santé de Gauteng. Quelque 934 filles âgées de 10 à 14 ans avaient accouché. Mme Peters pense qu’en raison du confinement, les auteurs étaient connus des victimes ou étaient des membres proches de la famille.

Dans le discours d’ouverture prononcé au nom de l’honorable Catherine Gotani Hara, Présidente du Parlement du Malawi, l’honorable Aisha Adams, Vice-présidente du Parlement, a cité les cas qui se sont produits en 2021.

Parmi ces cas figure le décès de Memory Machaya, jeune fille de 14 ans morte pendant l’accouchement lors d’un rassemblement de l’Église apostolique à Marange (Zimbabwe), le 15 juillet 2021. Elle avait été contrainte de quitter l’école et de se marier et aurait été enterrée secrètement par les responsables de l’Église.

“Le 8 juin 2021, Mlle Tshegofatso Pule, âgée de 28 ans, a été retrouvée poignardée, tailladée et pendue à un arbre en Afrique du Sud. Elle était enceinte de huit mois et avait disparu depuis quatre jours. Au Mozambique, une employée de services de santé a été tuée après avoir été violée, alors qu’elle rentrait chez elle. Elle avait attendu trop longtemps pour être transportée et a fini par arriver très tard près de son domicile, où elle a été agressée sexuellement, volée et tuée”, a narré l’hon. Aisha Adams.

Dans le discours, Mme Hara a expliqué que l’émergence de COVID-19 a mis en lumière la discrimination et les inégalités structurelles auxquelles sont confrontées les femmes et les filles et leur position marginale dans la société.

" Notre objectif est de faire en sorte que toute personne - en particulier la femme de la région - indépendamment de sa couleur ou de ses croyances, ait la possibilité d’atteindre son plein potentiel sans aucun obstacle ou interférence de la VBG. "

- Honorable Anne-Marie Mbilambangu.

Dans toute la région de la SADC, les signalements d’abus tels que la violence entre partenaires intimes, le harcèlement sexuel et l’exploitation des enfants ont accru, y compris les abus en ligne, a-t-elle ajouté.

Dans son mot de clôture, Mme Rouzeh Eghtessad, Directrice exécutive de SAfAIDS, a déclaré qu’au-delà des défis posés par la pandémie de COVID-19, la VBG et le féminicide ont été parmi les plus frappants, les décrivant comme étant “des impacts les plus douloureux et les plus déchirants de tous”.

Elle a souligné que les survivantes n’étaient pas seulement en termes de statistiques, mais qu’elles étaient des mères, des soeurs et des filles. Elle a estimé que la Loi-type est donc arrivée en temps opportun pour mettre fin au fléau de la VBG.

Décrivant la Loi-type comme étant un jalon dans la réponse à la Santé et droits sexuels et reproductifs (SDSR) et au développement social de la région, Mme Eghtessadi a exprimé son optimisme quant au fait que la Loi-type sur la GBV servirait de motivation et d’inspiration aux Africains pour la prise des mesures nécessaires en vue mettre fin à la GBV.

Mme Eva Jhala, rédactrice juridique, a déclaré que la Loi-type sur la VBG serait un outil complet ou une ligne directrice qui aiderait les États membres de la SADC, voire le reste de l’Afrique, à élaborer une législation nationale et à l’intégrer dans leurs constitutions respectives.

Elle a indiqué que la Loi-type sur la VBG était fondée sur une recherche approfondie sur des instruments internationaux, locaux et continentaux. Elle a ajouté que les divers outils et directives de l’ONU et de la SADC sur la VBG ont été utilisés pour élaborer la Loi-type. Elle était convaincue que si ses dispositions étaient appliquées, adaptées ou adoptées par les États membres de la SADC, la Loi-type contribuerait grandement à la lutte contre le fléau de la VBG.

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