FR

Les Chefs traditionnels déplorent le manque de pouvoirs face à la VBG

15.png

Dans certains États d’Afrique australe, la plupart des cas de VBG sont classés comme étant des affaires criminelles. Ceci a un impact négatif sur la compétence des Chefs coutumiers dans ces cas particuliers.

C’est le point de vue que le Chef Fortune Charumbira, Président du Conseil des Chefs coutumiers au Zimbabwe, a exprimé lors de la réunion consultative virtuelle du Forum parlementaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (FP-SADC) avec les Chefs coutumiers et religieux sur le projet de Loi-type sur la VBG, le 9 septembre 2021.

Le Chef Charumbira a applaudi le rôle du FP-SADC dans les consultations sur la Loi-type et a observé que la VBG était d’actualité depuis près de deux décennies dans la région et que de nombreuses initiatives avaient été entreprises, dont l’adoption des lois par les pays.

Il a toutefois souligné qu’il était nécessaire d’interroger le véritable problème, qu’il s’agisse de la loi, de la religion ou de la culture, pour éradiquer la VBG.

“Il existe beaucoup de lacunes dans les différents pays de la SADC. Au Zimbabwe, la VBG n’est pas tolérée et nous demandons instamment aux autorités de punir les auteurs. Lorsque nous pouvons punir en tant que chefs traditionnels, nous le faisons. Dans la plupart des juridictions, y compris le Zimbabwe, les cas de VBG sont classés comme des affaires criminelles ; et ainsi, la juridiction des chefs traditionnels est évincée. Ils (les chefs traditionnels) n’ont aucune compétence dans les affaires classées comme criminelles”, a déclaré M. Charumbira.

Le Chef Charumbira a expliqué qu’il y a de bonnes raisons pour lesquelles les Chefs coutumiers ne disposent pas de tels pouvoirs ; mais il a également indiqué que la conséquence de cet état de choses est que les Chefs coutumiers ne peuvent que suivre et renvoyer les affaires de VBG à la police.

Abordant la question concernant la contribution de la religion et des pratiques culturelles au problème de la VBG, le Chef Charumbira a préconisé que des recherches plus approfondies devraient être menées en se concentrant sur les parties de pays perpétrant la VBG, avant d’engager des travaux avec les Parlementaires et le Gouvernement pour s’attaquer aux cultures qui encouragent ou aggravent la VBG.  

Il a soulevé la question de la « Lobola » ou dot, soulignant que des recherches menées dans le monde entier ont démontré que des pays comme le Bangladesh et les Philippines présentent des taux plus élevés de VBG, alors que la « Lobola » n’existe pas dans ces sociétés.

“Il n’y a donc pas de corrélation directe entre le fait de payer la « Lobola » et la VBG. Parfois, il s’agit bien plus de perceptions et d’attitudes”, a déclaré le Chef Charumbira.

" Au Zimbabwe, nous ne tolérons pas la VBG et nous demandons instamment aux autorités de punir les auteurs. Lorsque nous pouvons punir en tant que chefs traditionnels, nous le faisons. Dans la plupart des juridictions, y compris le Zimbabwe, les cas de VBG sont classés comme des affaires criminelles ; et la compétence des chefs traditionnels est évincée. Ils (les chefs traditionnels) n’ont aucune compétence dans les affaires classées comme criminelles."

- Chef Fortune Charumbira

L’honorable Théogène de Madagascar a pris note de l’aspect pénal de la Loi-type sur la VBG ; mais il a déclaré que la condamnation des criminels était du ressort des États souverains.

“Ma suggestion est que cette Loi-type, si elle doit être intégrée dans la législation nationale, doit devenir un traité ou un accord international ratifié par les autorités compétentes et qui recevra ensuite l’approbation du Parlement. Et si cette procédure est respectée et suivie, alors la Loi-type pourrait être intégrée dans le système juridique.”

Une autre déléguée de Madagascar a fait écho de l’opinion exprimée par le Chef Charumbira que la VBG est devenue un sujet de nombreuses discussions aux niveaux international et national parmi les chefs religieux d’Afrique.

Elle a expliqué que le Madagascar avait adopté un cadre de collaboration concernant les différentes cultures, coutumes et traditions en Afrique.

En ce qui concerne la sensibilisation et la communication avec le public, la déléguée a suggéré l’engagement des chefs traditionnels et religieux dans les campagnes de sensibilisation.

“Nous sommes des parties prenantes importantes lorsqu’il s’agit d’un changement de comportement positif au niveau communautaire. Nous voulons oeuvrer au développement durable et travailler avec vous (FP-SADC) pour les citoyens de la région.”

Une princesse de Madagascar a expliqué que la lutte contre la VBG ne serait possible que si les hommes, les femmes, les garçons, les filles et les chefs traditionnels et religieux se donnaient la main. Elle a déclaré que pour équilibrer la société, il fallait informer les chefs religieux et traditionnels et la communauté de la manière dont la Loi-type sur la VBG influencerait leur vie.

De nombreuses femmes et jeunes filles sont victimes de violences sans aucun espoir d’être aidées par la police, les travailleurs sociaux ou le système judiciaire, a-t-elle déclaré. Parfois, c’est à cause de l’emplacement ou des infrastructures ; mais souvent c’est pour des raisons économiques.

“À ce moment-là, les chefs religieux et traditionnels jouent leur rôle de médiateurs pour ces jeunes filles et femmes et pour la société. La Loi-type de la SADC sur la VBG englobe tous les domaines thématiques, notamment le statut des victimes en vue de leur réhabilitation. Elle permet aux jeunes femmes et aux filles d’avoir un accès égal aux opportunités et aux ressources”, a-t-elle déclaré.

Mme Boemo Sekgoma, Secrétaire Générale du FP-SADC, a déclaré que le Forum appréciait grandement la contribution des chefs traditionnels et religieux, car elle était nécessaire pour le renforcement des fibres sociales de la région de la SADC.

Elle a réaffirmé que le FP-SADC avait toujours encouragé une large consultation sur l’égalité des sexes et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive. La Loi-type sur la VBG, a-t-elle dit, devrait être soulignée comme un instrument qui réunirait un “milieu de meilleures pratiques internationales” sur la législation relative à la VBG dans la région.

À cet égard, le Forum est conscient de la nécessité pour les Membres du Parlement de travailler en étroite collaboration avec les Chefs religieux et traditionnels afin de faciliter l’adaptation des dispositions légales au contexte local.

“Dans l’esprit de « Ubuntu », le Forum est conscient que les valeurs traditionnelles et religieuses partagées constituent les fondements des notions du panafricanisme, de l’amitié, de l’unité et de la solidarité qui existent entre les États membres de la SADC, ainsi que les États membres de l’UA.”

Dans cet esprit, les croyances religieuses et traditionnelles, indépendamment de la foi ou de la religion, sont toutes orientées vers la paix, la justice et la liberté de l’individu face à la torture et aux traitements inhumains et dégradants, a-t-elle déclaré.

La Secrétaire générale a expliqué que, bien souvent dans les mariages civils ou traditionnels, un conjoint ne signalait pas la VBG par crainte d’être stigmatisé par la société. La réponse à cette situation difficile, a-t-elle ajouté, ne consisterait pas à faire taire le conjoint lésé, mais à faire en sorte que les signalements de VBG bénéficient d’un niveau de confidentialité suffisant pour permettre aux autorités d’agir sans mettre les parties concernées dans l’embarras ou la honte.

Mme Sekgoma a ajouté qu’il était impossible de se concentrer sur tous les scénarios qui peuvent se produire dans un contexte de VBG, bien qu’un cadre solide puisse être mis en place grâce à la Loi-type.

“Il ne s’agit donc pas d’un modèle unique. Et ce modèle n’a pas abordé toutes les questions liées à la VBG. Par conséquent, il s’agit d’une demande adressée à vous-mêmes, en tant que chefs religieux et traditionnels, de garder un oeil sur les réformes législatives en matière de VBG au niveau national et de contribuer abondamment aux réformes locales qui sont conformes à la Loi-type sur la VBG”, a-t-elle conclu.

À propos de nous

Le Forum parlementaire de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC PF) a été créé en 1997 conformément à l'article 9 (2) du Traité de la SADC en tant qu'institution autonome de la SADC. Il s'agit d'un organe interparlementaire régional composé de treize (14) parlements représentant plus de 3500 parlementaires dans la région de la SADC.

Nous contacter

Adresse: ERF 578, Love rue près de Robert Mugabe Avenue Windhoek, Namibie

Tél: (+264 61) 287 00 00

Email: