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Les juristes de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont été invités à utiliser la Loi-type de la SADC sur la violence basée sur le genre (GBV) comme critère de mesure pour les lois nationales respectives de leurs États membres.

L’appel a été lancé par Mme Sanji Monageng, juge au Tribunal de la SADC, lors des consultations virtuelles avec les juristes de la SADC sur leur contribution à la Loi-type de la SADC sur la VBG, le 16 août 2021.

Mme Monageng a déclaré que les juristes avaient un rôle à jouer dans l’appui aux efforts visant à élabrer, adopter et réformer les lois dans leurs juridictions respectives, afin de garantir que la région respecte ses engagements internationaux, continentaux et régionaux.

En particulier, Elle a encouragé l’Association des juristes de la SADC à accroître la sensibilisation et à utiliser la Loi-type sur la VBG pour orienter ses membres.

Mme Monageng, qui est ancien juge de la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré que la VBG constituait une menace à la sécurité, à la paix et au développement humains, ainsi qu’à la réalisation des objectifs de développement mondiaux, qui sont alignés sur les objectifs régionaux et nationaux.

“La VBG a des conséquences sociales et économiques dramatiques au niveau national et reste l’une des violations des droits de l’homme les plus graves et les plus répandues en Afrique australe”, a-t-elle déclaré.

Elle a noté qu’à l’échelle mondiale, une femme sur deux a été, à un moment donné de sa vie, victime de VBG et que l’émergence de COVID-19 a dévoilé la discrimination et les inégalités structurelles auxquelles sont confrontées les femmes et les filles dans la société.

La région de la SADC a enregistré une augmentation des signalements d’abus comprenant la violence entre partenaires intimes, le harcèlement sexuel, le mariage des enfants, les mutilations génitales féminines, les abus domestiques et sexuels des femmes et des filles, les abus en ligne et l’exploitation des enfants.

Elle a souligné que la région de la SADC avait déployé d’immenses efforts pour adopter divers cadres et outils, afin de lutter contre la VBG de manière coordonnée.

Mme Ugeshnee Naicker, membre de l’Association nationale des juristes démocrates d’Afrique du Sud, a parlé de ses expériences lorsqu’elle était jeune avocate, soulignant que le pouvoir corrompait les avocats chevronnés et leur donnait une atmosphère d’invincibilité.

“Il y a beaucoup d’abus sexuels de la part des nôtres. Par nos propres avocats, les avocats principaux ; et il n’y a pas assez de protection au sein de notre profession, ce qui est choquant.”

Le juge Oagile Dingake a déclaré que c’était une grave accusation si la VBG a eu lieu au sein de la fraternité juridique, censée être la protectrice des droits. Il a exhorté à l’auto-introspection et a prié les barreaux de la région à mettre en place des normes et des standards sur leurs lieux de travail.

L’entrepreneuse Moremogolo Leroke était également présente. Elle s’est demandé comment la Loi-type sur la VBG traiterait l’impact de la technologie, notamment en ce qui concerne le droit des médias sociaux.

Elle a noté que certaines lois avaient été mises en place, mais qu’elles étaient ambiguës et ne servaient pas l’objectif de leur mise en place. De plus, elle a déclaré qu’il était temps que les gardiens de la loi prennent leurs responsabilités et s’écartent de la notion que ceux qui “consomment de l’alcool dans les zones rurales étaient de principaux auteurs”.

Mme Beatrice Mateyo, survivante de la VBG et originaire du Malawi, a partagé son expérience d’un mariage antérieur où elle avait subi des cas de viol conjugal. Elle dirige actuellement une organisation dénommée Coalition pour l’autonomisation des femmes et des filles (CAFF).

Elle a souligné que la question d’appui psychosocial devrait émaner de la loi, étant donné que la loi a tendance à se concentrer sur l’auteur du crime en termes de peine et non sur la réforme.

Mme Mateyo a recommandé que les auteurs de VBG soient obligés de suivre des séances de conseil dans le cadre de leur réforme, soulignant que dans certaines communautés de son pays, elle a connu des récidivistes qui en étaient à leur troisième ou quatrième infraction.

De plus, elle a indiqué que la plupart des survivantes de VBG étaient piégées dans leur mariage et retournaient auprès de leurs agresseurs, parce qu’il n’y avait pas de refuges ou d’abris sûrs en place.

Elle a également constaté que la plupart des survivantes s’adressaient à des mécanismes informels, tels que les chefs coutumiers, étant donné qu’ils étaient facilement accessibles.

En outre, elle a fait part de ses préoccupations quant au fait que les agresseurs étaient souvent des soutiens de famille. Ceci a, par la suite, contraint les victimes à retirer leurs plaintes auprès de la police par crainte de vivre seules dans la pauvreté.

Les normes et attitudes socioculturelles ont également été mises en évidence, en particulier la façon dont on conseille aux femmes de ne pas divulguer les problèmes de foyer, mais de recourir à la prière afin de préserver le respect de leurs maris.

“Il est donc difficile pour les femmes de se manifester. Dans certains cas, des femmes comme nous, qui défendent les intérêts d’autres femmes, sont victimes de VBG de la part des institutions de l’État. Ceci affecte la façon dont nous répondons aux problèmes de notre communauté”, a-t-elle déclaré.

Mme Maxine Nkomo, membre exécutif du Barreau de Namibie, a fait l’éloge de la Loi-type, déclarant qu’elle visait à fournir des orientations sur la portée et le contenu des dispositions relatives à la VBG dans les lois nationales.

Elle a ajouté que la Loi-type servirait de référence aux analystes des politiques nationales, aux législateurs et aux responsables de la mise en oeuvre des meilleures pratiques en matière de promulgation et de traitement de la VBG.

En outre, Mme Nkomo a déclaré que les États participants pourraient alors facilement intégrer des dispositions relatives à la protection des survivants et des normes susceptibles de prévenir le vice.

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Enfin, elle a indiqué que si la Loi-type était adoptée par les États membres de la SADC, elle renforcerait l’approche régionale en matière de VBG.

Mme Eva Jhala, qui est rédactrice juridique, a expliqué que le Forum essayait d’élaborer une Loi-type sur la VBG qui soit globale, mais qui tienne compte, en même temps, d’autres lois s’y rapportant. À cet égard, elle a souligné la nécessité d’avoir des références croisées adéquates avec d’autres lois pertinentes et un plaidoyer suffisant, pour que la Loi-type ait l’impact souhaité.

“Par conséquent, la SADC doit faire beaucoup de plaidoyer et de formation. Une formation fondamentale est nécessaire pour orienter et focaliser les parties prenantes, tels que les médias, sur la manière de réaliser les reportages et les évaluations sur la VBG”, a-t-elle déclaré.

La SADC a adopté divers cadres et outils régionaux pour lutter contre la VBG de manière coordonnée. Les principaux d’entre eux sont les suivants : le Plan de développement stratégique intégratif régional révisé 2015-20, le Plan stratégique indicatif de l’Organe de coopération en matière de politique, de défense et de sécurité, le Protocole de la SADC sur le Développement du genre, la Politique de la SADC en matière de genre et la Stratégie et le cadre d’action régionaux de lutte contre la VBG.

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Un appel a été lancé à tout le monde de se mettre au travail, afin de juguler la violence basée sur le genre (VBG), désormais décrite comme un phénomène endémique et multidimensionnel aux effets dévastateurs sur les femmes, les hommes, les garçons et les filles dans la région de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

Mme Habiba Roswana Osman, Directrice générale de la Commission des droits de l’homme du Malawi (CDH), a lancé cet appel dans un discours liminaire qu’elle a prononcé à l’occasion d’une réunion consultative organisée par le Forum parlementaire de la SADC (FP-SADC). La réunion virtuelle visait à permettre aux commissaires aux droits de l’homme et aux médiateurs d’examiner le projet de Loi-type de la SADC sur la VBG, élaboré par le Forum en collaboration avec ses partenaires.

Mme Osman a indiqué que la VBG continuait d’être une menace à la sécurité humaine, à la paix et au développement, ainsi que à la réalisation des projets de développement nationaux, régionaux et internationaux. Elle a ajouté que la VBG avait également des conséquences socio-économiques dramatiques.

“La VBG reste la plus grave violation des droits de l’homme en Afrique australe, étant donné qu’une femme sur deux en a été victime à un moment donné de sa vie au monde”, a-t-elle observé.

Elle a noté que dans la région de la SADC, certains pays présentaient des cas de VBG plus élevés que d’autres et que le COVID-19 a exacerbé la discrimination et les inégalités structurelles auxquelles sont confrontées les femmes et les filles.

Elle a ajouté que des viols conjugaux avaient également été signalés dans certains pays et que la VBG avait coûté au moins 1,7 milliard de rands au Gouvernement sud-africain.

“Au niveau mondial, les données continuent de montrer que la VBG reste un problème grave et omniprésent dans tous les secteurs”, a-t-elle déclaré.

Soulignant qu’aucun secteur n’était à l’abri de la VBG, Mme Osman a déclaré que ce fléau avait un impact négatif sur le produit intérieur brut de certains pays et portait atteinte à la santé, à la vie, à l’indépendance financière, à la productivité et à l’efficacité.

Elle a noté que la SADC avait adopté divers cadres pour lutter contre la VBG de manière coordonnée. À cet égard, elle a cité le Plan indicatif régional de développement stratégique révisé (2015-2020) et a exprimé son optimisme quant au fait que la Loi-type de la SADC sur la VBG guiderait les États membres dans la transposition, la ratification et la mise en oeuvre des directives et obligations internationales et régionales pertinentes qui éclairent la prévention et les réponses à la VBG.

Elle a encouragé toutes les parties prenantes à promouvoir énergiquement la Loi-type sur la VBG afin de soutenir les droits de l’homme pour tous et de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.

S’exprimant à la même occasion, l’honorable Professeur Oagile Key Dingake, juge renommé, a souligné que la VBG privait les gens de leurs droits fondamentaux.

“Lorsque nous parlons des droits, nous désignons les droits non négociables qui ne nous sont pas accordés à la merci de l’État. En réalité, l’État, en tant que détenteur d’obligations, est tenu de veiller à la réalisation de ces droits. La VBG compromet un grand nombre de différents droits contenus dans nos constitutions et nos lois dans les pays de la SADC”, a-t-il indiqué.

Le juge Dingake a présenté deux documents connexes. L’un portait sur la VBG, en tant que question de droits de l’homme, et l’autre donnait un aperçu des lacunes contenues dans la législation sur la VBG dans la région de la SADC.

Le juge a dit : “Le droit à la vie et le droit à la dignité constituent, à mon avis, la base fondatrice de tous les autres droits. Tous les autres droits doivent découler des droits fondamentaux : le droit à la vie, le droit à la dignité humaine, la sécurité de la personne, l’autonomie et l’autodétermination. La VBG est l’une des violations des droits de l’homme les plus répandues dans le monde. Elle ne connaît aucune barrière sociale ou économique. Elle ne fait pas de distinction sur base de la classe sociale. Elle touche plus particulièrement les femmes et les filles.”

Il s’est dit préoccupé par le fait que dans certaines parties de la région de la SADC, la culture est utilisée comme excuse ou justification pour opprimer les femmes et les filles.

Il a souligné que certaines pratiques culturelles allaient à l’encontre des droits de l’homme et que certains rôles assignés aux femmes et aux filles limitaient leurs options et restreignaient leur autonomie. Le juge a dit que la VBG avait de nombreuses répercussions négatives sur les survivants. Il s’agit notamment de blessures physiques et psychologiques.

Il a expliqué que si les blessures physiques étaient manifestes, par contre, les blessures psychologiques, qui comprennent la dépression, l’anxiété, les troubles alimentaires, le stress et des comportements compulsifs, étaient difficiles à détecter.

Le juge s’est également dit préoccupé par le nombre peu des signalements de la VBG et des poursuites judiciaires réussies à l’endroit des contrevenants. Il a néanmoins exprimé son optimisme quant au fait que l’éducation continue pourrait socialiser les garçons et les filles de manière à ce qu’ils adhèrent aux valeurs d’égalité et des droits de l’homme pour un monde meilleur.

En ce qui concerne les lacunes et les omissions dans la législation sur la VBG dans la région de la SADC, le juge a indiqué que le Protocole de la SADC sur le Genre et le développement visait à promouvoir l’égalité des sexes dans toute la région. Il a noté que la partie 6 dudit protocole exigeait que les États promulguent, d’ici 2015 (il y a sept ans), des lois susceptibles de lutter contre la VBG et veillent à l’application de ces lois, afin que les auteurs de VBG soient traduits en justice.

Il a toutefois déclaré que la situation actuelle dans la région montrait que la législation sur la VBG s’est améliorée, mais que la mise à disposition de lieux sûrs pour les victimes de VBG et le renvoi entre prestataires de services “restent un défi”.

Le juge a expliqué : “Onze États membres de la SADC disposent de lois sur la VBG. Treize États membres ont une législation sur les agressions sexuelles. À l’exception de l’Angola, tous les États membres de la SADC ont des lois sur le harcèlement, contre deux États seulement en 2009. Actuellement, tous les États membres de la SADC disposent de lois sur la traite des personnes, contre trois États seulement en 2009, à savoir le Madagascar, le Mozambique et la Zambie. Par contre, tous les États membres proposent une forme de services aux survivants de la VBG ; ce qui est louable.”

Il a toutefois précisé qu’il existait des lacunes. Notamment, les cadres juridiques de 12 États membres sont toujours discriminatoires à l’égard des femmes. L’assistance juridique aux femmes victimes de VBG est encore limitée. Il a souligné qu’à moins de rendre l’accès aux services juridiques possible et facile pour les femmes, de nombreuses réponses juridiques seraient considérées comme déficientes.

Il a noté qu’il était également très préoccupant qu’un grand nombre d’États membres disposent de lois qui rendent extrêmement difficile l’obtention d’un avortement. Ceci entraîne de nombreux avortements non sécurisés et des taux de mortalité élevés, lesquels portent atteinte au droit à la vie.

Sur une note encourageante, le juge a indiqué que le harcèlement sexuel était interdit dans la majorité des Etats membres de la SADC. En ce qui concerne le mariage des enfants, la criminalisation de ce genre de mariage n’était en place que dans quatre Etats membres.

“Les 12 autres États membres de la SADC n’ont pas de législation relative au mariage des enfants”, a-t-il déclaré. Cependant, il a félicité les pays qui ont criminalisé le mariage des enfants, comme le Mozambique et le Zimbabwe.

Le juge Dingake a observé que la faible transposition des lois internationales ratifiées avait fait perdre à de nombreux États membres des opportunités d’enrichir leurs propres lois. Par conséquent, ils n’ont pas pu combler les lacunes et n’ont donc pas réussi à éliminer les inégalités.

S’exprimant à la même occasion, Mme Boemo Sekgoma, Secrétaire générale du FP-SADC, a déclaré que la Loi-type de la SADC sur la VBG était conforme au Plan stratégique du Forum pour la période 2019-2023.

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“Le Plan stratégique du Forum consacre la nécessité pour la région de la SADC de parvenir à l’égalité des sexes et d’adopter une culture de respect des droits de l’homme qui comprennent le droit à l’intégrité physique, le droit à la santé et le droit à la vie. Les droits de l’homme sont donc au coeur du débat sur la VBG”, a-t-elle déclaré.

Elle a dit que la consultation des représentants des Commissions des droits de l’homme ou des médiateurs avait été prévue en reconnaissance du rôle central qu’ils jouent en tant que praticiens des droits de l’homme.

Elle les a implorés d’aider le Forum à intégrer pleinement la perspective des droits de l’homme dans la Loi-type sur la VBG.

Notant que la VBG entraînait des “violations importantes des droits de l’homme”, la Secrétaire générale a souligné que l’État, en tant que détenteur d’obligations, était tenu “d’adopter une législation appropriée ou de prendre les mesures nécessaires pour protéger ses citoyens, qui sont titulaires de droits, contre la VBG et d’autres formes de traitement inhumain ou dégradant”.

Elle a souligné que la Loi-type de la SADC sur la VBG était également conforme à la stratégie régionale plus large de la SADC et au cadre d’actions pour lutter contre la VBG, tel qu’illustré dans le programme pour 2018-2030. Par conséquent, elle a préconisé des dispositions législatives conformes aux droits de l’homme et interdisant les pratiques traditionnelles, sociales, économiques et politiques négatives qui favorisent toutes les formes de VBG.

“Avec la Loi-type de la SADC sur le VIH et le mariage des enfants, la Loi-type sur la VBG vise à donner un tableau complet en ce qui concerne la prise en compte des problèmes de droits de l’homme qui affectent les femmes et les filles dans la région de la SADC”, a déclaré la Secrétaire générale.

Mme Stella Twea, de la Commission des droits de l’homme du Malawi, a salué la Loi-type sur la VBG ; mais elle a préconisé la sensibilisation des femmes et des filles ayant des connaissances sur les droits, afin qu’elles puissent revendiquer le respect de leurs droits.

Elle a déclaré : “La plupart d’entre elles ne cherchent même pas à obtenir justice parce qu’elles ne savent pas où s’adresser. Donc, l’une des activités que nous allons vraiment entreprendre est de nous assurer que nous augmentions cette sensibilisation en termes de connaissances juridiques dans nos pays et de nous assurer que les survivants puissent réellement aller chercher la justice.”

Au cours de la consultation, une femme du Malawi qui avait été abusée sexuellement à plusieurs reprises par son beau-père jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte, a partagé son calvaire. Son histoire a non seulement mis un visage humain sur la VBG, mais a également souligné le fait que, dans certains cas, les auteurs de VBG étaient proches de leurs victimes.

Le Dr Linda Naidoo, de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré qu’une réponse efficace à la VBG devait être centrée sur la victime, garantir la responsabilité du délinquant et être fondée sur les droits de l’homme.

« Ces orientations sont bien intégrées dans le projet de Loi-type sur la VBG. En outre, le projet envisage des réponses aux situations d’urgence telles que la pandémie actuelle de COVID-19 », a-t-elle déclaré.

Elle a toutefois déclaré que la Loi-type “doit être appropriée par les États membres et devenir un document vivant”.

Elle a ajouté : « Elle exige en outre que les États membres priorisent la VBG, qu’ils intègrent dans leur législation nationale tout instrument pertinent, régional et international, relatif aux droits de l’homme, qu’ils réforment et/ou alignent leur législation nationale sur la Loi-type et qu’ils allouent les ressources nécessaires à cette fin ».

Elle a mis au défi les commissaires aux droits de l’homme et les médiateurs de fournir aux institutions des droits de l’homme une orientation stratégique et de prendre des décisions stratégiques sur les questions de droits de l’homme.

“Je vous mets au défi aujourd’hui de veiller à ce que la VBG soit traitée comme une question de droits de l’homme et que la VBG soit une priorité dans les travaux des instituts nationaux des droits de l’homme. À ce titre, je vous invite également à envisager des mesures pratiques pour encourager les États membres à ratifier les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme en suspens, qui sont essentiels à la prévention et à l’atténuation de la VBG”, a déclaré le Dr Naidoo.

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Le fléau de la violence basée sur le genre (VBG) touche principalement les femmes et les petites filles en Afrique australe. Ses effets multidimensionnels ont également un impact négatif sur la vie des hommes et des garçons dans la région de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

Sur le plan mondial, une femme sur deux a été victime de VBG à un moment donné de sa vie ; tandis qu’en Afrique du Sud, des rapports indiquent qu’une personne est violée toutes les 25 secondes.

C’est sur base de ces preuves empiriques que le Groupe parlementaire régional des femmes (GPRF) du Forum parlementaire de la SADC a déposé une motion lors de la 44e Session de l’Assemblée plénière du Forum en 2018 pour élaborer une Loi-type régionale sur la Violence basée sur le genre (VBG).

La 44e Session de l’Assemblée plénière a adopté la motion à l’unanimité dans le but d’éliminer les menaces à la paix, à la sécurité et à l’accomplissement des différents objectifs de développement.

Suite à l’adoption de la motion, le FP-SADC a lancé des consultations des parties prenantes le 18 août 2021, ciblant différents acteurs des secteurs public et privé dont, entre autres, des commissaires aux droits de l’homme, des chefs coutumiers, des survivants de la VBG et différentes agences des Nations Unies.

S’exprimant à l’occasion du lancement des consultations, l’honorable Anne-Marie Mbilambangu, présidente du GPRF, a expliqué que la Loi-type devrait être un outil utilisé par les États membres de la SADC pour prévenir et éradiquer toutes les formes de VBG.

Elle a déclaré que le GPRF ferait tout “pour améliorer les conditions sociales et économiques des femmes, car nous pensons qu’elles sont les plus touchées par toutes les formes de VBG.”

Elle a ajouté : “ Notre objectif est de faire en sorte que toute personne - en particulier la femme de la région - indépendamment de sa couleur ou de ses croyances, ait la possibilité d’atteindre son plein potentiel sans aucun obstacle ou interférence de la VBG ».

Mme Caroline Peters, avocate de la communauté sud-africaine, a narré sa dure épreuve comme survivante de la VBG au cours de la réunion consultative et a déploré le fait que, depuis qu’elle a été victime de VBG, la situation a très peu changé en termes de statistiques.

“Je suis une survivante d’un viol collectif brutal ; et mon amie a été assassinée à l’âge de 16 ans. Lorsque cela m’est arrivé, je n’avais pas pensé que ce serait un catalyseur qui me ferait devenir une défenseuse des droits de l’homme, notamment en faveur des jeunes femmes, surtout quand je regarde les statistiques d’aujourd’hui. Les choses n’ont pas changé ; les chiffres sont sans cesse en hausse. Les chiffres n’ont pas changé pour les jeunes femmes victimes de viols collectifs. Cela m’est arrivé trois mois avant mon 16e anniversaire”, a-t-elle révélé à l’assemblée consultative.

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Mme Peters a déclaré qu’elle pensait que l’Afrique du Sud disposait de la meilleure loi sur la violence domestique, d’un projet de loi sur les infractions sexuelles et d’un projet de loi sur la traite des êtres humains, mais que leur mise en oeuvre était lente, avec des répercussions récurrentes.

Elle s’est exprimée au moment où « le mois de la femme » était célébré en Afrique du Sud. Les célébrations qui ont coïncidé avec le viol et le meurtre brutaux d’une grand-mère âgée de 93 ans par un membre de sa belle-famille de 25 ans d’âge.

Les consultations sur le projet de Loi-type de la SADC sur la VBG ont été tenues virtuellement en raison de la pandémie de COVID-19 qui a contraint de nombreux pays à imposer des mesures de confinement sur les citoyens. Ces mêmes mesures ont été associées à la recrudescence de la VBG, a-t-elle insinué, citant le fait que 23.226 grossesses d’adolescentes ont été signalées par le Département de la santé de Gauteng. Quelque 934 filles âgées de 10 à 14 ans avaient accouché. Mme Peters pense qu’en raison du confinement, les auteurs étaient connus des victimes ou étaient des membres proches de la famille.

Dans le discours d’ouverture prononcé au nom de l’honorable Catherine Gotani Hara, Présidente du Parlement du Malawi, l’honorable Aisha Adams, Vice-présidente du Parlement, a cité les cas qui se sont produits en 2021.

Parmi ces cas figure le décès de Memory Machaya, jeune fille de 14 ans morte pendant l’accouchement lors d’un rassemblement de l’Église apostolique à Marange (Zimbabwe), le 15 juillet 2021. Elle avait été contrainte de quitter l’école et de se marier et aurait été enterrée secrètement par les responsables de l’Église.

“Le 8 juin 2021, Mlle Tshegofatso Pule, âgée de 28 ans, a été retrouvée poignardée, tailladée et pendue à un arbre en Afrique du Sud. Elle était enceinte de huit mois et avait disparu depuis quatre jours. Au Mozambique, une employée de services de santé a été tuée après avoir été violée, alors qu’elle rentrait chez elle. Elle avait attendu trop longtemps pour être transportée et a fini par arriver très tard près de son domicile, où elle a été agressée sexuellement, volée et tuée”, a narré l’hon. Aisha Adams.

Dans le discours, Mme Hara a expliqué que l’émergence de COVID-19 a mis en lumière la discrimination et les inégalités structurelles auxquelles sont confrontées les femmes et les filles et leur position marginale dans la société.

" Notre objectif est de faire en sorte que toute personne - en particulier la femme de la région - indépendamment de sa couleur ou de ses croyances, ait la possibilité d’atteindre son plein potentiel sans aucun obstacle ou interférence de la VBG. "

- Honorable Anne-Marie Mbilambangu.

Dans toute la région de la SADC, les signalements d’abus tels que la violence entre partenaires intimes, le harcèlement sexuel et l’exploitation des enfants ont accru, y compris les abus en ligne, a-t-elle ajouté.

Dans son mot de clôture, Mme Rouzeh Eghtessad, Directrice exécutive de SAfAIDS, a déclaré qu’au-delà des défis posés par la pandémie de COVID-19, la VBG et le féminicide ont été parmi les plus frappants, les décrivant comme étant “des impacts les plus douloureux et les plus déchirants de tous”.

Elle a souligné que les survivantes n’étaient pas seulement en termes de statistiques, mais qu’elles étaient des mères, des soeurs et des filles. Elle a estimé que la Loi-type est donc arrivée en temps opportun pour mettre fin au fléau de la VBG.

Décrivant la Loi-type comme étant un jalon dans la réponse à la Santé et droits sexuels et reproductifs (SDSR) et au développement social de la région, Mme Eghtessadi a exprimé son optimisme quant au fait que la Loi-type sur la GBV servirait de motivation et d’inspiration aux Africains pour la prise des mesures nécessaires en vue mettre fin à la GBV.

Mme Eva Jhala, rédactrice juridique, a déclaré que la Loi-type sur la VBG serait un outil complet ou une ligne directrice qui aiderait les États membres de la SADC, voire le reste de l’Afrique, à élaborer une législation nationale et à l’intégrer dans leurs constitutions respectives.

Elle a indiqué que la Loi-type sur la VBG était fondée sur une recherche approfondie sur des instruments internationaux, locaux et continentaux. Elle a ajouté que les divers outils et directives de l’ONU et de la SADC sur la VBG ont été utilisés pour élaborer la Loi-type. Elle était convaincue que si ses dispositions étaient appliquées, adaptées ou adoptées par les États membres de la SADC, la Loi-type contribuerait grandement à la lutte contre le fléau de la VBG.

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Mme Pamela Dube, journaliste chevronnée spécialiste des questions du genre et activiste des droits de l’homme au Botswana, a exhorté les professionnels des médias de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à sensibiliser le public quant à l’impact de la VBG dans la région de la SADC.

Mme Dube s’est exprimée ainsi lors d’une session consultative virtuelle visant à familiariser les médias avec la Loi-type de la SADC sur la Violence basée sur le genre, organisée par le Forum parlementaire de la SADC (FP-SADC) le 6 août 2021.

Elle a souligné que les médias avaient des capacités stratégiques et importantes de contribuer à la prévention et à l’éradication de la VBG dans la région de la SADC.

“Je souhaite faire appel à vous pour que vous puissiez mener une campagne de sensibilisation sur l’impact de la VBG dans la région de la SADC, sur le rôle de la Loi-type dans la prévention de la VBG et sur le processus de consultation des parties prenantes “, a-t-elle déclaré.

Elle a invité les professionnels des médias à appuyer le processus de mise en oeuvre de ladite Loi-type. Elle a comparé la stigmatisation dont souffrent les victimes de la VBG à celle que les familles des personnes touchées par le SIDA avaient connue dans le passé.

“Au paroxysme de la pandémie du VIH/SIDA, il y a eu beaucoup de déni dans nos communautés, jusqu’à ce que nous avons commencé à voir des gens se manifester. Une fois que nous avions vu la face du VIH/SIDA et que les gens ont pu s’identifier au problème, la stigmatisation a pu être traitée. Nous sommes aujourd’hui confrontés au fléau similaire qui sévit dans les foyers, les bureaux et les rues. Tant que nous n’aurons pas pris les devants et tant que nous ne serons pas en mesure de donner une face à ce problème et de nous adresser au coeur du problème, nous ne pourrons pas réaliser grand-chose”, a prévenu Mme Dube.

En outre, Mme Dube a exhorté les professionnels des médias à réfléchir sérieusement sur le rôle qu’ils souhaiteraient jouer dans l’éradication de la VBG. Elle a souligné qu’au fur et à mesure que les lois étaient élaborées, il était important que les professionnels des médias et les citoyens les comprennent.

“Les lois peuvent être élaborées et nos dirigeants peuvent se montrer à la hauteur de la situation. Mais aussi longtemps que nous ne sommes pas à l’avant-garde de l’information et de sa diffusion, nous n’obtiendrons que très peu de résultats, voire rien du tout”, a-t-elle déclaré.

Selon Mme Dube, la région de la SADC est confrontée aux différents défis en matière de VBG. En tête de la liste figurent des lois nationales inadéquates, des cadres nationaux inadéquats, des statistiques ventilées par genre inadéquates, ainsi que des lois surannées.

“C’est dans ce contexte et en réponse aux appels lancés par les différentes parties prenantes pour l’élimination de la VBG d’ici 2030 que le FP-SADC a commandé l’élaboration d’une Loi-type sur la VBG, laquelle serait utilisée pour aborder, prévenir et combattre toutes les formes de VBG”, a-t-elle expliqué.

Elle a souligné que la VBG entravait les efforts visant à atteindre les objectifs de développement nationaux, régionaux, continentaux et mondiaux. La VBG a non seulement des effets terribles sur les victimes, mais également un impact négatif sur la société dans son ensemble, avec de graves conséquences socio-économiques.

“La VBG pose d’énormes problèmes de santé publique qui sont souvent méconnus. Les survivants et les victimes de la VBG courent un risque élevé de problèmes de santé graves et durables, tels que le décès par blessures ou par suicide, une mauvaise santé mentale, des douleurs chroniques, la surdité, des grossesses non désirées, des maladies sexuellement transmissibles et/ou le SIDA”, a déclaré Mme Dube.

Bien que 13 pays de la SADC disposent de lois sur la violence domestique et que 14 pays disposent de lois sur les agressions sexuelles, il est encore évident que la VBG est le plus souvent perpétrée par les “maris ou partenaires intimes” aux niveaux mondial et régional. En outre, Mme Dube a souligné que le COVID-19 a exacerbé la situation.

S’exprimant au cours de la même session, M. Joseph Munda, journaliste zimbabwéen, a été d’accord avec Mme Dube et a déclaré : “Elle (VBG) est un problème important qui persiste et s’intensifie avec COVID-19 ; et il y a beaucoup de dynamique autour d’elle.”

Il a cependant déploré les défis auxquels les journalistes sont confrontés et a demandé accès à plus d’informations sur les bonnes pratiques et sur certaines des lois mises en oeuvre par les États membres de la SADC. Il a estimé que si les informations sur des lois en vigueur étaient partagées, elles faciliteraient le brainstorming sur les solutions possibles pour mettre fin à la VBG.

“Il s’agit de quelques-uns des principaux défis que nous devons relever. La plupart d’entre nous travaillent maintenant de manière virtuelle et l’accès à l’information peut parfois s’avérer difficile. En tant que région, le partage d’information et le processus d’apprentissage sont très importants pour que nous journalistes puissions recueillir et diffuser l’information”, a noté M. Munda.

M. Munda a également souligné le manque de structures de soutien pour pouvoir réaliser des reportages, notamment en raison d’une limitation des ressources qui, à son tour, a pour effet de détourner l’attention vers les reportages politiques et autres.

Mme Basadi Tamplin a soulevé la question du renforcement de la cyber-sécurité, en raison de nombreux cas de corrélation entre la VBG et les cyber-crimes.

“Tout le monde a accès à l’internet et nous utilisons tous l’internet 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les taux de VBG en ligne sont alarmants, d’autant plus que les auteurs ne sont pas confinés dans un espace géographique. Nous devons voir comment aborder ces nouveaux aspects de la VBG qui ont toujours existé mais qui ont en quelque sorte accru à cause des confinements imposés à la suite de COVID-19”, a-t-elle déclaré.

Elle a souligné que les pratiques culturelles et religieuses nocives jouaient un rôle dans des incidents liés à la VBG.

“Le principal facteur responsable de VBG que j’ai souvent observé, ce sont nos mariages. Dans la plupart de nos pays, les mariages culturels existent parallèlement aux concubinages. Je pense que nous devons examiner ces lois qui régissent nos mariages et essayer de les rationaliser pour voir où ces violations peuvent être traitées. Le troisième point concerne les meilleures pratiques internationales. Je pense que nous pouvons tirer des leçons d’autres travaux internationaux.”

Selon Mme Dube, le plan directeur de la SADC dénommé “Plan indicatif régional de développement stratégique révisé (2015-2020)” et le Plan indicatif stratégique de l’Organe de coopération pour la politique, la défense et la sécurité reconnaissent la prévention et la réduction de la VBG comme catalyseur pour atteindre la paix et la sécurité et créer un environnement propice.

Mme Boemo Sekgoma, Secrétaire générale du FP-SADC, a déclaré que l’élaboration de la Loi-type était une étape historique que la région devrait embrasser pour que la communauté de ceux qui ont souffert de la violence puisse retrouver un soulagement.

Mme Sekgoma a félicité le Groupe parlementaire régional des femmes (GPRF) pour avoir dirigé le Forum vers l’élaboration d’une Loi-type sur la VBG.

Elle a dit : “La Loi-type a émané du plus haut organe de décision du FP-SADC. Elle a été présentée par une motion déposée par les femmes parlementaires membres du GPRF. Je tiens donc à applaudir ces femmes qui nous ont mis sur cette voie et ont parrainé cette motion pour que nous puissions commencer à examiner les questions de prévention, de traitement ou même d’éradication des formes de VBG.”

Le Forum a élaboré plusieurs Lois-types qui, selon Mme Sekgoma, ont permis de tirer des leçons précieuses.

“Nous avons constaté que ces lois-types testent toujours la capacité des Parlements à négocier des politiques publiques. Cela nous aide à protéger les droits des personnes que les Députés représentent et garantit également que le Pouvoir exécutif dispose toujours d’espaces pour le persuader d’améliorer le bien-être de nos citoyens.”

Published in Communiqué de Presse
mardi, 23 août 2022 08:49

Président du FP-SADC

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